

La question était en débat à l’hémicycle de l’Assemblée Nationale du Cameroun le 27 Mars dernier à l’occasion de la Séance Plénière Spéciale y relative tenue en présence des parlementaires (députés et sénateurs), Membres du Gouvernement et acteurs de la société civile.
Initiée par la Cameroon National Association for Family Welfare (CAMNAFAW), la Séance Plénière Spéciale sur la Domestication du Protocole de MAPUTO par le Cameroun avait pour but l’intégration de l’article 14 du Protocole de MAPUTO dans le corpus juridique national, afin d’assurer une application pleine et effective des droits sexuels et reproductifs des femmes et jeunes filles du Cameroun garantissant le respect des engagements pris par l’Etat tant au niveau national qu’international.
« Chaque jour des femmes qui donnent la vie perdent leur vie en donnant la vie ; chaque jour des jeunes filles et des femmes subissent des violences sexuelles aux conséquences traumatisantes ; chaque jour l’absence d’un cadre normatif adéquat prive les femmes camerounaises d’une prise en charge efficace qui conduit souvent à des drames » a martelé l’Honorable Théophile BAORO lors de son propos liminaire. Il a ensuite indiqué que la domestication devra se faire dans le respect de nos valeurs et de nos réalités afin d’ouvrir le débat et œuvrer pour l’avènement d’un cadre législatif garantissant à chaque femme son droit à la santé et à la protection.
Au cours de la phase réservée aux questions des parlementaires à l’égard des membres du gouvernement, la préoccupation sur la nécessité de protéger la santé mentale de la mère en cas de grossesse issue d’un viol et en cas de grossesse contracté à la suite d’un inceste est revenue plusieurs fois.
Après moultes échanges nourris entre les parlementaires et les membres du gouvernement notamment le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, le Ministère de la Santé Publique qui s’est fait représenter et le Ministère de la Justice, les recommandations clés ci-après ont été arrêtés :
- Intégrer dans les lois concernées les dispositions de l’Article 14 du Protocole de MAPUTO afin de respecter les engagements internationaux du Cameroun mais tout aussi améliorer le bien-être de la femme et de la fille en garantissant le droit à la santé reproductive ;
- Procéder à la révision du code Pénal afin d’y inclure des dispositions claires et efficaces sur l’accès à l’avortement médicalisé pour les victimes de viol, d’inceste ou lorsque la grossesse met en danger la vie de la mère ;
- Mettre en place un Comité interministériel chargé de la promotion du suivi, de l’évaluation des reformes y relatives ainsi que des progrès réalisés en matière de droits de santé et santé sexuelle et reproductive (MINJUSTICE, MINPROFF, MINSANTE et MINREX) ;
- Intégrer l’éducation responsable et adéquate à la santé sexuelle dans le système éducatif ;
- Formaliser la mise en place de la Task-Force des Parlementaires ou d’un Réseau des Parlementaires Chargé du Suivi des engagements gouvernementaux relatifs au Protocole de MAPUTO.
Les recommandations ainsi adressées au Gouvernement marquent un tournant décisif dans la promotion de l’éducation complète à la sexualité, l’accès et l’offre de soins de reproduction de qualité, la protection de la vie et de la santé mentale de la mère et enfin, une réduction conséquente des décès maternels évitables liés à la pratique de l’avortement clandestin.
Pour rappel, cette importante activité a été organisée par la CAMNAFAW avec le soutien technique du Centre ODAS et Rutgers, dans le cadre de la mise en œuvre du programme Ado Avance Ensemble financé par l’Union Européenne.








